Un procès qui fera date

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En 2018, Solidaris lançait une campagne de sensibilisation à la publicité pour les médicaments. Elle mettait notamment en lumière quelques stratégies marketing utilisées par l’industrie pharmaceutique, par le biais de capsules vidéo humoristiques, pour aider les patients-consommateurs à les décoder. Cela n’a pas plu au secteur de l’industrie. L’un de ses représentants, Bachi, a immédiatement introduit une action en justice contre Solidaris, une semaine après diffusion de la première capsule.

Vous n’aimez pas la censure ? Nous non plus !

Notre campagne avait initialement été censurée par la chambre des actions en cessation du tribunal des entreprises de Bruxelles, nous obligeant à la stopper. Nous avions fait appel de cette décision, car nous estimions ne pas dépasser le cadre de notre mission d’information santé.

La Cour d’appel de Bruxelles a finalement déclaré la demande de Bachi non fondée et l’a condamnée à nous indemniser de tous les frais de procédure.

La Cour d’appel a affirmé que « le fait que le propos dérange ne constitue pas une raison d’en interdire l’expression ». Elle a ajouté qu’« il n’est pas établi que la capsule vidéo (intitulée « Instant magique ») ferait passer le message que les entreprises pharmaceutiques auraient pour seul objectif d’enrichir leurs actionnaires au mépris de la santé des patients consommateurs ». « L’usage d’une mise en scène et d’un ton humoristique n’est pas critiquable, s’agissant d’un moyen communément utilisé afin de faire passer un message sérieux », a-t-elle encore indiqué.

La Cour a souligné que Solidaris ne fait aucun « discours commercial » et a estimé :

  • que la mutualité n’a pas dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression
  • que les reproches formulés par Bachi ne sont pas conformes à la réalité mais qu’ils résultent du ressenti de cette association, ce qui ne peut pas justifier ses demandes.

Voici donc les vidéos décensurées

Le mot « Instant » derrière le nom d’un médicament est ambigu. Il laisse croire que ce médicament agit « instantanément ». Or ce n’est pas le cas. Mais ils sont vendus plus cher.

Que nous dit cette vidéo ?

Les médicaments ne sont pas des bonbons !
Même les médicaments en vente libre ne sont pas des bonbons.

Que nous dit cette vidéo ?

Même en vente libre, tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires, parfois graves.

Que nous dit cette vidéo ?

Dans les publicités, la personne en blouse blanche n’est pas un scientifique mais un comédien.

Que nous dit cette vidéo ?

Tous les médicaments ont des effets secondaires potentiels.
Même les médicaments en vente libre.

Que nous dit cette vidéo ?

Les compléments alimentaires coûtent cher et sont bien souvent inutiles. Une bonne alimentation apporte généralement tout ce dont nous avons besoin.

Que nous dit cette vidéo ?

Même en vente libre, tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires, mais aussi des effets inattendus aux conséquences parfois importantes (comme lorsqu’une crème vaginale rend les préservatifs poreux).

Que nous dit cette vidéo ?

Les firmes pharmaceutiques tentent parfois de multiplier les emballages d’un même produit pour vendre davantage. A noter : le scénario est basé sur un exemple réel.

Que nous dit cette vidéo ?

Une décision de justice très importante

Dans cette affaire, le verdict de la Cour d’appel a reconnu à Solidaris un rôle essentiel de « chien de garde de la démocratie » lorsqu’elle s’exprime sur des sujets de santé, d’intérêt public par nature.

L’enjeu de ce procès était de taille puisque cette décision aurait pu museler Solidaris dans ses futures actions d’information. En faisant jurisprudence, c’est surtout un arrêt très important pour la liberté d’expression de tous les acteurs de la promotion de la santé.

Cette affaire nous prouve en tous cas que Solidaris a touché un point sensible en s’attaquant à la stratégie marketing des firmes pharmaceutiques et en affirmant qu’elles utilisent la publicité pour accroître le chiffre d’affaire, et non pour rencontrer les besoins des patients. Nous tenons néanmoins à rappeler ici que nous ne sommes pas « anti-médicaments » mais bien « anti-publicité » pour ceux-ci. C’est pourquoi nous sommes persuadés que la publicité pour les médicaments devrait être interdite car ce ne sont pas des produits de consommation comme les autres.

Ce verdict est un combat gagné pour Solidaris, mais surtout un combat de fond qui ne s’arrêtera pas.

Que nous dit cette vidéo ? Point de décodage

Les firmes pharmaceutiques tentent parfois de multiplier les emballages d’un même produit pour vendre davantage. A noter : le scénario est basé sur un exemple réel. Cette pratique a néanmoins été condamnée pour publicité mensongère en Australie. Les emballages incriminés ont dû être retirés du marché.

Les 4 conclusions du spot « Ça sent le sapin »

  1. L’emballage d’un médicament (look attirant, choix de la couleur, pictogramme, texte…) est aussi une forme de marketing. Il faut toujours garder son esprit critique.

  2. L’emballage et la notice indiquent clairement quelle substance active est contenue dans le médicament et en quelle quantité. Etre attentif permet de détecter les médicaments similaires.

  3. Pour les médicaments sans prescription, le pharmacien est votre conseiller. N’hésitez jamais à lui poser des questions.

  4. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

C’est Noël ! La vidéo commence sur un zoom de la main gantée du Père Noël déposant les cadeaux sur le sapin : une boîte de « Dolistop » rouge contre les migraines pour maman, une boîte de Dolistop jaune contre le mal de dos pour papa, du rose contre les règles douloureuses pour Marion.

Un écran infographique s’insère, montrant 3 boîtes de Dolistop avec la mention « Problèmes ciblés ».

Hohoho ! Changement de décor : le spectateur se retrouve dans le bureau de Marc Dividende, directeur marketing de Pharmacorps, en train d’enlever son gant blanc.

Il se réjouit que pour la firme, « c’est Noël tous les jours grâce à nous ». Il avoue que ces boîtes, conçues de différentes couleurs et mentionnant des indications différentes bien ciblées, contiennent en réalité exactement la même chose. Mais que grâce à cette astuce, il est certain que nous achèterons plusieurs boîtes. Il ajoute enfin que ce pseudo-ciblage leur permet de les vendre sensiblement plus chers que le médicament générique.

Que nous dit cette vidéo ? 4 points de décodage

  1. Même en vente libre, tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires, mais aussi des effets inattendus aux conséquences parfois importantes (comme lorsqu’une crème vaginale rend les préservatifs poreux).
  2. La réglementation concernant la publicité pour les médicaments n’impose que peu de mentions de mise en garde aux fabricants :
    • ·  « Ceci est un médicament, pas d’utilisation prolongée sans avis médical »
    • ·  Invitation à lire attentivement la notice
    • ·  Infos indispensables au bon usage (ex. : pas avant 15 ans)
  3. Tous les effets secondaires ne sont pas mentionnés dans les pubs. Et lorsqu’ils le sont, c’est généralement écrits en tellement petit ou débités tellement rapidement qu’ils en deviennent illisibles ou incompréhensibles.
  4. Il est donc TOUJOURS indispensable de bien lire la notice.

Les 4 conclusions du spot « Un malheureux événement »

  1. Tous les médicaments, même ceux en vente libre, peuvent avoir des effets secondaires.
  2. La publicité n’insiste jamais sur les effets secondaires, car ce n’est pas vendeur.
  3. La réglementation est trop peu précise et trop peu contraignante.
  4. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

Marion Padupe et Jonas, son petit ami, se sont endormis dans les bras l’un de l’autre sur le divan, devant la télé.

Marion fait un rêve dans lequel elle se retrouve projetée dans un univers inquiétant. Rapidement, elle entend une voix la féliciter. Se tournant vers la voix, elle aperçoit Marc Dividende, directeur marketing chez Pharmacorps, se tenant devant un landeau.

Marc Dividende lui explique qu’elle vient de donner naissance à ce bébé. Marion ouvre la bouche, s’apprêtant à rétorquer que c’est impossible mais… nous sommes dans un rêve : Marc Dividende poursuit son monologue, faisant questions et réponses. Il lui apprend donc que même si le jeune couple s’était protégé, la crème vaginale « Fongistop » utilisée par Marion pour ses mycoses vaginales peut rendre les préservatifs poreux, ajoutant

que « c’est écrit noir sur blanc dans la notice ».

Le cauchemar continue quand Marc Dividende lui assène qu’être mère à 16 ans est une grande responsabilité… comme s’il était évident qu’elle devrait assumer seule le bébé !

C’est la voix des parents criant qu’ils sont rentrés qui délivre Marion de son cauchemar, réveillant le jeune couple. Revenu dans la réalité, on entend alors la fin d’un spot publicitaire pour le Fongistop avec lequel « combattre les mycoses intimes n’a jamais été aussi facile ».

Que nous dit cette vidéo ? 3 points de décodage

  1. Les compléments alimentaires coûtent cher et sont bien souvent inutiles. Une bonne alimentation apporte généralement tout ce dont nous avons besoin.

  2. La publicité pour les médicaments et pour les produits de parapharmacie joue parfois sur nos peurs (de tomber malade) en nous poussant à acheter préventivement des produits dont nous n’avons pas réellement besoin.

  3. Poussés par la publicité, ces produits rencontrent un grand succès, apportant des bénéfices plantureux aux firmes qui les produisent.

Les 2 conclusions du spot « Vis ta vitamine »

  1. Les compléments alimentaires sont souvent inutiles… et chers !
  2. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

Philippe Padupe, le père, est en train de découper des légumes pour cuisiner une soupe. En fond sonore, on entend la télévision.

Soudain, la lumière dans la cuisine s’éteint. Surpris, il entend alors une voix lui disant « Il fait froid n’est-ce
pas ? ». Se tournant vers son écran, il aperçoit Marc Dividende, Directeur de Pharmacorps, poursuivant son discours de persuasion (« vous semblez fatigué, petite toux, nez qui coule… vous couvez quelque chose… »). D’abord incrédule, niant ces symptômes, Philippe laisse peu à peu le doute s’insinuer dans son esprit.

Marc Dividende lui parle alors du « Vitamigo », un complexe vitaminé pour affronter les maux de l’hiver. A ce moment, un coup de vent ouvre la fenêtre et Philippe commence à frissonner. Pour achever de « ferrer le poisson », Marc Dividende lui indique que Vitamigo est plus efficace s’il est utilisé dès les premiers symptômes et lui intime, d’un coup d’œil, d’aller en acheter… ce que Philippe fait.

En fin de vidéo, on voit Marc Dividende avaler une soupe… jubilant sur le fait que Philippe avait pourtant sous la main, avec les légumes, toutes les vitamines dont il avait besoin.

Que nous dit cette vidéo ? 5 points de décodage

  1. Tous les médicaments ont des effets secondaires potentiels.
  2. Même les médicaments en vente libre.
  3. Les publicités mettent en avant les effets positifs des médicaments, elles n’insistent pas sur les effets secondaires.
  4. La réglementation des publicités pour les médicaments en vente libre impose aux firmes pharmaceutiques d’insérer dans leurs publicités des « mentions obligatoires relatives à un bon usage du médicament » qui « doivent être communiquées de manière lisible ».
    • Concrètement, il s’agit des recommandations suivante : « Pas d’utilisation prolongée sans avis médical » et « Lisez bien la notice ».
    • En pratique, ce sont les phrases en tout petits caractères, quasiment illisibles, en bas d’écran pour les publicités télévisées ou débitées à toute vitesse, quasiment incompréhensibles, en toute fin de publicités en radio.
  5. Avant de prendre un médicament en automédication, il faut peser le pour et le contre entre le besoin de le prendre et les risques d’effets secondaires. Souvent un médicament n’est pas nécessaire, il y a d’autres choses à faire pour soulager les symptômes et se sentir mieux.

Les 2 conclusions de « A chaque remède son mal »

  1. Même les médicaments en vente libre peuvent avoir des effets secondaires
  2. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

La jeune Manon Padupe connait un réveil difficile avec de fortes nausées dues aux excès de la veille.
« Conseillée » par une publicité, elle avale sans hésiter un médicament contre les nausées de sa boîte à pharmacie.

Commencent alors des crampes intestinales annonciatrices de diarrhée… A nouveau « conseillée » par une publicité pour un autre médicament de la même firme pharmaceutique, Manon avale sans hésiter un anti- diarrhéique de sa réserve de médicaments en vente libre…

Intervient alors Marc Dividende, Directeur Marketing chez PharmaCorp qui reconnait que les médicaments que sa firme produit (comme l’anti-nauséeux que Manon a pris) ont bien des effets secondaires (comme la diarrhée qui est survenue chez Manon) mais que la firme produit également des médicaments pour les soulager. Il insiste ironiquement sur la recommandation de bien lire la notice avant de prendre un médicament : c’est une

« mention obligatoire » facile à respecter en fin de publicités…

Voilà maintenant que Manon ressent des démangeaisons au niveau de la peau de sa nuque. Ce sont peut-être des effets secondaires du médicament qu’elle vient de prendre pour stopper sa diarrhée ?

Le spot se termine sur une chute spécifique à « A chaque remède son mal » : « Même les médicaments en vente libre peuvent avoir des effets secondaires » puis par la chute commune aux 8 spots de la série :
« N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre. »

Que nous dit cette vidéo ? 2 points de décodage

  1. Dans les publicités, la personne en blouse blanche n’est pas un scientifique mais un comédien.
  2. Les publicitaires utilisent « l’effet blouse blanche » pour suggérer, parfois sans le dire, que les effets de leurs produits sont prouvés scientifiquement. Inconsciemment, la blouse blanche fait autorité auprès du spectateur.
  1. La règlementation concernant la publicité pour les médicaments interdit que celle-ci se réfère à « une recommandation émanant de scientifiques, de professionnels de la santé ou de personnes qui, bien que n’étant ni des scientifiques, ni des professionnels de la santé, peuvent, de par leur notoriété, inciter à la consommation de médicaments ». Cette limitation ne vaut néanmoins que pour les produits reconnus comme médicaments, pas pour les produits de parapharmacie.

    Pour cette raison, la phrase de fin de ce spot a été modifiée par rapport aux autres de notre série. Elle ne fait pas référence à un médicament.

Les 3 conclusions du spot « L’habit ne fait pas le moine »

  1. Que ce soit pour des compléments alimentaires, des produits phytosanitaires ou autres produits de parapharmacie, pour un dentifrice ou… pour des poudres à lessiver, l’emploi de la blouse blanche par un comédien fait en sorte que ce qu’il dit paraît plus sérieux, plus scientifique. Ne soyez pas crédule : cela reste un texte écrit par un professionnel de la publicité et récité par un comédien, rien de plus.
  2. Cette utilisation de la blouse blanche entretient la confusion du grand public : qu’est-ce qui est un médicament, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Les publicités pour des produits de parapharmacie, mais aussi toutes celles vantant, par exemple, les mérites de produits anti-bactéries entretiennent une forme de culture de médicalisation de tous les aspects de la vie (pour chaque aspect lié à la santé, il y a un produit à utiliser).
  3. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! La pub c’est pour vendre.

Le pitch

Christine et Philippe Padupe regardent la télévision côte à côte dans le divan. Tout à coup, Philippe remarque que passe une publicité pour un produit censé faciliter la digestion, dont il avait parlé précédemment à Christine. Il attire donc son attention, lui suggérant d’écouter attentivement.

Dans le spot publicitaire, une voix de femme indique que grâce à ce produit, sa vie a complètement changé et qu’elle peut maintenant vivre à 100%.

Changement de décor. On se retrouve face à un jeune laborantin en blouse blanche, l’œil rivé au microscope. Il relève alors la tête et nous assure que « les tests sont formels : grâce à Transigo, formule enrichie, votre estomac vous remercie ». En arrière-plan, on peut voir ses collègues s’affairer dans le labo.

Tout à coup, le fond devient tout blanc et on entend quelqu’un crier « Coupez ! ».

Le jeune homme, qui s’avèrera être un stagiaire, se tourne alors vers Marc Dividende, directeur marketing de Pharmacorps, en lui demandant « Elle était bonne ? ». On comprend dès lors que l’on vient d’assister au tournage d’une publicité.

Tout en expédiant son stagiaire lui chercher un café, Marc Dividende nous explique que la blouse blanche « fait des miracles ».

Que nous dit cette vidéo ? 5 points de décodage

  1. Même en vente libre, tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires, parfois graves.
  2. La réglementation concernant la publicité pour les médicaments n’impose que peu de mentions de mise en garde aux fabricants :
    • « Ceci est un médicament, pas d’utilisation prolongée sans avis médical »
    • Invitation à lire attentivement la notice
    • Infos indispensables au bon usage (ex. : pas avant 15 ans). Pour se couvrir, les firmes mentionnent parfois les potentiels effets secondaires les plus graves, mais ils sont généralement écrits en tellement petit ou débités tellement rapidement qu’ils en deviennent illisibles ou incompréhensibles.
  3. La réglementation prévoit que la pub pour les médicaments « doit présenter le produit objectivement sans en exagérer les effets positifs » et « doit favoriser l’usage rationnel du médicament ». Cette réglementation comporte sa propre incohérence puisqu’une publicité est, par définition, faite pour vanter un produit dans le but de le vendre et n’a pas pour vocation d’être objectivement informative.
  4. En « inversant les messages », notre spot met en lumière le fait que les publicités accordent davantage de place à vanter les mérites d’un médicament qu’à mettre en garde contre les effets secondaires qu’ils peuvent avoir. Dans notre exemple, inspiré de médicaments réels, on perçoit immédiatement que la balance « bénéfices (soulager les symptômes du rhume) / risques potentiels (notamment AVC) » n’est pas particulièrement en faveur de la prise de ce médicament pourtant vendu sans ordonnance.
  5. Avant de prendre un médicament, il faut TOUJOURS lire la notice.

Les 4 conclusions du spot « Vice Versa »

  1. Tous les médicaments, même ceux en vente libre, peuvent avoir des effets secondaires.
  2. La publicité n’insiste jamais sur les effets secondaires.
  3. La réglementation est trop peu précise et trop peu contraignante.
  4. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

Marc Dividende, directeur marketing de Pharmacorps, confortablement installé devant son ordinateur, appelle son stagiaire pour lui faire « admirer la petite dernière », autrement dit pour visionner avec lui la dernière publicité produite par la firme, qui vient tout juste d’être livrée. Le début de la publicité montre Christine Padupe, la mère, manifestement pas dans son assiette. Comme par magie apparaît devant elle une boîte du médicament Rhinistop, médicament contre les symptômes du rhume. Alors que l’image montre Christine, ravie, prendre le médicament proposé et s’en sentir mieux, la « voix off » débite avec douceur enjouée et clarté toutes les mises en garde et effets secondaires potentiellement graves du médicament. La séquence est entrecoupée par un contre-champ montrant Marc Dividende sourcils froncés et manifestement de plus en plus nerveux. A la fin de la séquence, on peut entendre les arguments vantant les mérites de Rhinistop (affronter l’hiver, être en forme …) débités à toute vitesse, à tel point que Marc Dividende en crache son café. Il s’écrie alors « Mais qu’est-ce qu’ils ont foutu ? Ils ont inversé les messages ! » Le stagiaire, avec la naïveté de son jeune âge affirme quant à lui trouver cela plus clair, ce qui lui vaut une « engueulade » en bonne et due forme de la part de Marc Dividende.

Que nous dit cette vidéo ? 5 points de décodage

  1. Les médicaments ne sont pas des bonbons !
  2. Même les médicaments en vente libre ne sont pas des bonbons.
  3. Le packaging des médicaments (couleurs, illustrations,…) de même que l’ajout d’un arôme « fruits » risquent de créer la confusion. Cela concerne les enfants mais aussi les adultes dans le cas par exemple des médicaments au goût « capuccino ». Si un médicament doit être donné et plus facilement accepté par un enfant, des alternatives comme le dissimuler dans un aliment peuvent être aussi efficaces (dans une compote, une boisson…). Attention, ce n’est pas possible avec tous les médicaments : il faut lire la notice et demander conseil au pharmacien.
  4. L’existence même de publicités pour les médicaments, leur contenu et leur forme banalisent le recours aux médicaments et tendent à les assimiler à un produit de consommation comme les autres, comme un bonbon. Un enfant vivant dans un tel contexte de banalisation du médicament risque d’être lentement mais sûrement conditionné à devenir un consommateur convaincu et assidu une fois adulte. Comme le déclarent ouvertement certaines publicités, le médicament sera alors pour lui « le réflexe contre… » tel ou tel symptôme.
  5. La réglementation de la publicité pour les médicaments stipule que « la publicité à destination des enfants est interdite ». Par contre, et la nuance est importante, la publicité pour des médicaments pour enfants est quant à elle autorisée ! On peut dès lors se poser des questions sur l’efficacité de cette réglementation devant une publicité à la mise en scène amusante et attendrissante faisant par exemple intervenir un personnage animé en forme d’animal, ou une petite fille à laquelle un papa sympathique lit une histoire de princesse pour l’endormir, ou encore une maman attentionnée qui donne tout de suite un médicament à son fils qui a un peu de fièvre…

Les 2 conclusions du spot « Le bon goût fraise »

  1. Un médicament n’est pas un bonbon. Ne laissez personne le faire croire à vos enfants.
  2. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

Le pitch

La petit Paco Padupe et sa maman sont dans la cuisine, après avoir été faire quelques courses. Le garçon n’a pas l’air en grande forme, mais contrairement à ce que supposait sa mère, il n’a pas faim : il lui dit qu’il a « plutôt mal à la tête ».

Faisant mine d’hésiter, l’air complice, Christine Padupe propose alors à son fils le choix entre « fraise » ou
« vanille ». Apparemment guéri par miracle de son mal de tête, Paco crie son enthousiasme pour le goût fraise et reçoit le petit flacon de son choix à sucer.

Sur fond de scène où la mère embrasse tendrement son enfant, s’incruste à l’écran une publicité pleine de belles couleurs pour le nouveau « Dolistop Kids au goût fraise ».  

Intervient alors Marc Dividende, assis devant l’écran sur lequel il vient de visionner la publicité pour ce nouveau produit de la société pharmaceutique PharmaCorp dont il est le Directeur Marketing. Il explique ironiquement combien un petit arôme ajouté rend un médicament plus attirant pour les enfants, futurs consommateurs de médicaments qui eux aussi, il l’espère, achèteront les produits de PharmaCorp.

Le spot « Le bon goût fraise » se termine sur une chute spécifique : « Un médicament n’est pas un bonbon. Ne laissez personne le faire croire à vos enfants. » puis par la chute commune aux 8 spots de la série : « N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre. »

Que nous dit cette vidéo ? 5 points de décodage

  1. Le mot « Instant » derrière le nom d’un médicament est ambigu. Il laisse croire que ce médicament agit « instantanément ». Or ce n’est pas le cas. Mais ils sont vendus plus cher.
  2. Les publicités jouent parfois sur les mots. Leur scénario semblent attribuer au médicament des qualités qu’il n’a pas en réalité.
  3. Si on lit les notices des médicaments « Instant », ce n’est pas toujours très clair non plus. Mais il n’y est pas noté que ce type de médicament agit plus rapidement que le même médicament en comprimé classique puisque ce n’est pas vrai (dans les notices destinées aux professionnels de la santé – médecins, pharmaciens, etc., c’est bien expliqué, mais difficile à comprendre pour de non- professionnels).
  4. Les médicaments « Instant » sont en fait des médicaments « orodispersibles ». Cela veut dire qu’ils fondent dans la bouche, on n’a pas besoin d’eau pour les prendre. Ils sont ensuite avalés avec la salive et suivent le trajet du système digestif. Ce n’est qu’une fois digérés qu’ils passent dans le sang et agissent.
  5. Ces médicaments orodispersibles ne sont pas à confondre avec les médicaments qui sont conçus pour être absorbés directement sous la langue (« sublingual »). Ceux-là passent dans le sang à travers les muqueuses de la bouche, sans passer par le système digestif et agissent alors, en effet, plus rapidement.

 

Les 3 conclusions de « Instant magique »

  1. Les médicaments « Instant » n’agissent pas plus vite que les autres. Ce sont simplement des médicaments qui fondent instantanément dans la bouche.
  2. Les médicaments « Instant » sont vendus plus cher que la forme classique du même médicament.
  3. N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre.

 

Le pitch

La famille Padupe s’apprête à fêter le nouvel an. Philippe, le père, va chercher le champagne dans le frigo alors que le décompte des 12 coups de minuit commence.

Tout à coup, un bruit intestinal se fait entendre. Aucun doute : la crise de diarrhée est imminente ! Philippe prend alors un médicament « Instant » car il pense que celui-ci va le soulager immédiatement.

Le spectateur est alors plongé dans le bureau de Marc Dividende, Directeur Marketing chez PharmaCorp, la firme qui fabrique de médicament. Marc Dividende explique que le terme « Instant » sous-entend que le médicament agit plus vite mais qu’en réalité, ça veut simplement dire que le médicament fond instantanément dans la bouche. Il se réjouit néanmoins de pouvoir vendre le médicament plus cher que le simple comprimé.

Retour chez les Padupe où le décompte de minuit s’achève. Malheureusement, ces quelques secondes qui restent avant le « Bonne année ! » n’ont pas été suffisantes pour que le médicament ait le temps d’agir. Et c’est l’accident pour notre pauvre Philippe…

Le spot se termine sur une chute spécifique à « Instant magique » : « La pub joue sur les mots, nous vous laissez pas berner » puis par la chute commune aux 8 spots de la série : « N’avalez pas tout ce qu’on vous raconte ! Même pour les médicaments, la pub c’est pour vendre. »

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